quinta-feira, 4 de dezembro de 2014

Hilda Hilst - Partie 1

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(Publication en portugais et ensuite en français)
Fragmentos do livro “Com os olhos de cao e outras novelas”
"Como devo matar em mim as diversas formas de loucura e ser ao mesmo tempo compassivo e lucido, criativo e paciente, e sobreviver?"
"Eu cá tenho minhas ideias, mas quem as ouve? Nem pedras, porque nao me saem à boca essas minhas proprias ideias. Por calar é que tenho ainda meu pao e minha vida. Engulo tudo o que penso".
"Com meus olhos de cao, paro diante do mar. Trêmulo e doente. Arcado, magro, farejo um peixe entre madeiras. Espinha. Cauda. Olho o mar mas nao lhe sei o nome. Fico parado em pé, torto, e o que sinto também nao tem nome. Sinto meu corpo de cao. Nao sei o mundo nem o mar à minha frente. Deito-me porque meu corpo de cao ordena. Há um latido na minha garganta, um urro manso. Tento expulsá-lo, mas homem-cao sei que estou morrendo e que jamais serei ouvido".
Fragments de la nouvelle “Le chien” du livre “L’obscène madame D. suivi de Le chien”, de Hilda Hilst.
Comment dois-je faire pour me supprimer, mieux, comment dois-je faire pour supprimer en moi les différentes formes de folie tout en demeurant lucide et compatissant, patient et créatif, et survivre?
J’ai mes idées à moi, mais qui est-ce qui les écoute? Même pas les pierres, parce que ces idées que j’ai, elles ne passent pas à ma bouche. C’est parce que je la ferme que je mange mon pain, que je suis encore en vie. Je ravale tout ce que je pense.
Avec mes yeux de chien face à la mer. Tremblant, le corps malade. Cambré, les flancs maigres, je repère un poisson parmi de s bouts de bois. L’épine dorsale, la queue. Je regarde la mer mais je n’en sais pas le nom. Je reste debout, tout tordu, et ce que je ressens, de même je ne sais pas quel en est le nom. Je sens mon corps de chien. Je ne sais rien du monde ni de la mer en face de moi. Je me couche parce que mon corps de chien l’exige. J’ai dans la gorge un aboiement, un gentil hurlement. J’essai de l’expulser mais l’homme-chien sait que je suis mourant et que je ne serai jamais entendu.

Lecture: Bonheur d’occasion - Gabrielle Roy

Le premier paragraphe :
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Fragments:
Florentine
Florentine… Florentine Lacasse…, moitié peuple, moitié chanson,  moitié printemps, moitié misère…
Une Florentine détestant servir, détestant chaque minute de son assujettissement à la vie et, cependant, donnant ses payes presque en entier à sa famille. Une jeune fille que consumaient le dégoût du travail quotidien et aussi le dévouement aux siens. Une Florentine inconnue!
Sur la guerre
Nous autres, on nous dit que l’Allemagne veut nous détruire. Mais en Allemagne, à l’heure qui est, du monde tranquille comme nous autres, pas plus méchant que nous autres, se laisse monter la tête avec la même histoire; à ce qu’on leur dit, on veut les tenir enfermés dans un pays trop petit, on veut les empêcher de vivre. Mais moi, j’ai pas envie d’Aller tuer un gars qui m’a jamais fait du mal et qui peut pas faire autrement que de se laisser mener par ses dirigeants. J’ai rien contre lui, ce pauvre gars là. Pourquoi ce que j’irais y passer une baïonnette dans le corps? Il a envie de vivre comme moi. Il tient à la vie autant que moi. 
Je m’en vas vous dire une chose, moi… La société s’occupe pas de nous autres, pendant quinze ans, pendant vingt ans. A nous dit: « Arrangez-vous, débrouillez-vous comme vous pourrez.» Pis arrive un bon jour qu’a s’aperçoit de nous autres. A besoin de nous autres tout d’un coup. «Venez me défendre, qu’a nous crie. Venez me défendre»
Qu’est-ce qu’a nous a donné à nous autres, la société? Rien
Société de consommation
Qu’est-ce que vous voyez-t-y pas sur la rue Sainte-Catherine? Des meubles, des chambres à coucher. Pis de magasins de sport, des cannes de golf, des raquettes de tennis, des skis, des lignes de pêche. S’y a quelqu’un au monde qu’aurait le temps de s’amuser avec toutes ces affaires-là, c’est en nous autres, hein?
Mais le seul fun qu’on a, c’Est de les regarder. Pis la mangeaille à c’te heure! Je sais pas si vous avez déjà eu le ventre creux et que vous passés par un restaurant d’iousque qu’y a des volailles qui rôtissent à petit feu su une broche? Mais ça c’est pas toute, mes amis. La société nous met toute sous les yeux; tout ce qu’y a de beaux sous les yeux. Mais allez pas croire qu’a fait rien que nous le mette sous les yeux!
Ah, non, a nous conseille d’acheter aussi. On dirait qu’a peur qu’on soyez pas si tenté.
Oui, des tentations, c’est que la société nous a donné. Des tentations d’un boutte à l’autre.
La paix a été aussi mauvaise que la guerre. La paix a tué autant d’hommes que la guerre. La paix es aussi mauvaise… aussi mauvaise…

Fragmentos da novela “Axelrod”, da Hilda Hilst

Ainda que se mova o trem tu nao te moves de ti
Agrido-me como se fosse dono da verdade, como um cristao, como todo os cristaos que até hoje carregam o monopolio da luz como se o caminho fosse um so, Eu sou a Verdade, eu nao o sou.
A Historia me chupa inteiro, a lingua porejando sangue goza filhinho, sim dona Historia, vou indo, estou cheio de ideias, tenho duvidas, tenho gozo rapidos e agudos, vou te apalpando agora, o povo me olha, o povo quer muito de mim, gosto do povo, devo ser o povo, devo ser um unico e harmonico povo-ovo, devo morrer pelo povo, adentrado nele, devo rugir e ser um so com o povo, Axelrod-povo, Axelroad-coesao, virulência, Axelroad-filho do povo, HISTORIA-POVO, janto com meus pais, sopa de proletariado, paezinhos mencheviques, engulo o monopolio, emocionado bebo a revoluçao, lendo vou dirigindo o intelecto, mas estou faminto, estarei sempre faminto, cago o capitalismo, o lucro, a bolsa de titulos, e ainda estou faminto, ô meu deus, eu me quero a mim, o ossudo seco, eu.
Aos vinte temos muitas certezas e depois so duvidas, certeza de nada eu tenho exceçao. Aos vinte pontifiquei, tinha orgulho danado, um visual pretensamento sabio
como?
discorria claro sobre as coisas, pensava que via

“A obscena senhora D.”, da Hilda Hilst

Fragmentos da novela “A obscena senhora D.”, da Hilda Hilst
D. de derreliçao que quer dizer desamparo, abandono…
Ehud, por favor, queria te falar da morte de Ivan Ilitch, da solidao desse homem, desses nadas do dia a dia que vao consumindo a melhor parte de nos, queria te falar do fardo quando envelhecemos, do desaparecimento dessa coisa que nao existe mas é crua, é viva. o Tempo.
Nada me entra na alma, palavras grudadas à página, nenhuma se solta para agarrar meu coraçao, tantos livros e nada no meu peito, tantas verdades e nenhuma em mim, o ouro das verdades onde está? Que coisas procurei?
Ter sido. E nao poder esquecer. Ter sido. E nao mais lembrar. Ser. E perder-se. Repeti gestos, palavras passos. Cruzei com tantos rostos…

Fragments de la nouvelle “L’obsène Madame D.”, de Hilda Hilst
D. de Déréliction qui signifie abandon, détresse…
Ehud, je t’en prie, je voudrais te parler de la mort d’Ivan Ilitch, de la solitude de cet homme, de ces multiples riens du quotidien qui vont consumant la meilleure part en nous, je voudrais te parler du fardeau lorsque vient la vieillesse, de la disparition de cette chose que n’existe pas mais qui est crue, qui est vivante, le Temps.
Rien ne me pénètre l’âme, des mots collés sur chaque page et pas un qui se soit libéré pour retenir mon cœur, tant de livres et rien dans ma poitrine, tant de vérités et pas une établie pour moi, l’or de vérités où est-il? Qu’ai-je tant cherché?
Avoir été. Et ne pouvoir oublier. Avoir été. Et ne plus se souvenir. Être. Et se perdre. J’ai répété des paroles, des pas, reproduit des gestes, croisé tant des visages…